Toute crise est une invitation à apprendre et changer en profondeur
Il est
rare que des êtres humains se réunissent pour tenter de découvrir la vérité, en
profondeur et sans intérêt personnel étroit.
En général, c’est l’intérêt et l’utilitarisme qui rassemble les gens et
leur coopération durera aussi longtemps que ces intérêts seront satisfaits. Dès
qu’une coupure se produit, le groupe se
désagrège et des conflits apparaissent. C’est pourquoi les activités fondées
sur des mobiles étroits et sur une conception superficielle de la vie ont un
caractère limité, porteur de discorde, et
pour finir génèrent conflits et souffrances.
Aussi est-il tellement important de chercher et découvrir une manière de
vivre plus ample, plus vaste, unitaire et harmonieuse, basée sur la recherche
de la vérité, la compréhension de soi et
de la vie dans son ensemble. C’est l’exploration et la découverte de cette
vision holistique de la vie qui nous fait véritablement humains.
Nos
antécédents, notre culture, notre religion, notre éducation peuvent nous rendre
différents mais nous restons avant tout des êtres humains. Si nous gardons ce
fait essentiel à l’esprit ces différences n’entraineront pas de divisions. Nous
partageons la même conscience, un même fil nous relie tous en profondeur, et il
nous est possible de le découvrir quand nous cessons d’accorder tant
d’importance à notre lot de conditionnement particulier. Il n’y a rien de grand
dans un conditionnement - il n’en existe pas de supérieur ou d’inférieur - tout conditionnement est limité et si je ne
suis pas conscient des conséquences de sa présence dans ma vie j’en reste
prisonnier. La liberté est au cœur de la quête de vérité.
Commençons
par examiner ce que nous sommes. Il
semble que nous soyons tous des manifestations de cette conscience humaine
collective. Chacun de nous est un canal de cette conscience. Si nous considérons
ce qui s’est passé en elle depuis le début de l’histoire humaine, nous voyons
qu’elle est dominée par la recherche de la sécurité et du plaisir, ainsi que par
la peur, le conflit et la souffrance - à l’exception d’une minorité qui se pose
des questions sérieuses sur la vie et qui est en quête de vérité, de paix et
d’unité. Un petit groupe d’êtres humains s’est toujours posé la question fondamentale
de savoir s’il existe quelque chose au-delà de cette vie mécanique et
conflictuelle.
Divers
instructeurs sont venus sur notre planète dispenser des messages d’amour et de
paix. Et les hommes ont en général éprouvé le désir de vivre dans la paix, le
bonheur et l’amour au sein de leurs sociétés. Mais cette longue aspiration à l’amour et à la
paix n’a jamais pu se réaliser, peut-être parce que notre désir n’était pas
aussi puissant, aussi total que nos intérêts égotiques ? N’y a-t-il pas
une extrême ironie à voir les êtres humains parler de paix et dans le même
temps préparer les conditions de conflit en menant une existence fragmentaire
et contradictoire faite de croyances et d’identités fausses, illusoires ?
Comment peut-il y avoir de paix réelle si nous ne voyons pas le danger de vivre
dans les illusions, d’avoir une vision étroite et égotique de la vie ?
La
civilisation humaine a traversé depuis longtemps de nombreuses crises - politiques, culturelles, religieuses,
économiques et environnementales. Mais toutes ont leur origine dans la psyché
ou la conscience humaine. Des crises ne cessent de se produire dans notre vie
quotidienne. Mais nous parvenons à les dénouer l’une après l’autre. Toute crise
- mondiale ou locale - n’est que le miroir de nos crises collectives
intérieures. Quand nous déplorons ce qui se passe dans notre société ou dans le
monde nous oublions en général que ce que nous voyons et condamnons à
l’extérieur n’est que la manifestation sur une plus vaste échelle de ce que
nous sommes intérieurement.
Toute
crise, toute souffrance est la conséquence de notre façon de vivre,
essentiellement fondée sur l’ignorance, le manque de sensibilité,
l’exploitation, l’égotisme - l’absence d’amour. Crises et souffrances
n’arrivent pas par hasard. Elles étaient déjà présentes à l’état latent dans
mes relations, ma manière d’aborder la vie et ont grossi lentement. Elles ont
été nourries par mon inattention, ma dureté.
Ou bien je les ai négligées, ou bien j’ai tenté de les supprimer. Dans
les deux cas je ne trouvais aucun intérêt à m’en occuper parce que j’étais trop
pris pas mes problèmes et mes intérêts immédiats. Je n’étais nullement
conscient que cette crise prenait de l’ampleur à cause de mon inattention et de
ma tendance à trouver des solutions de fortune à ce que me propose la vie.
Quand la crise prenait des proportions considérables et explosives, je
m’éveillais et me mettais à crier au secours. La question qui se pose est de
savoir pourquoi je ne m’éveille que lorsque la crise est devenue énorme et
ingérable? Pourquoi est-ce que j’attends
qu’elle devienne un arbre gigantesque, Pourquoi ne puis-je m’éveiller
quand elle est encore à l’état de graine ?
C’est
pourquoi il est si important de comprendre l’origine de toute crise intérieure.
Notre façon de vivre quotidiennement, sur le plan psychologique, conditionne
l’état de notre société. Peut-être est-ce la raison pour laquelle tous les
grands instructeurs et visionnaires - des sages de l’Inde ancienne aux
philosophes grecs, Socrate et Platon,
jusqu’aux prophètes du vingtième siècle
comme J.Krishnamurti et Ramana Maharshi - ont mis l’accent sur la connaissance
de soi, sur la nécessité de se connaître et de se comprendre en profondeur.
Dans son livre célèbre Première et dernière liberté, Krishnamurti
écrit : « Pour se transformer, la connaissance de soi est
essentielle ; si vous ne savez pas ce que vous êtes, il n’y a pas de
fondement pour une pensée juste, sans connaissance de vous-même il ne peut y
avoir de transformation. »
La
question qui se pose à présent c’est de me connaître et de me comprendre.
Suffit-il de penser à moi pour me connaître ? Alors que la pensée est
toujours conditionnée et limitée ? Si je l’accepte comme allant de soi, si
je ne mets pas en doute ce que je pense de moi-même et que je le crois, ne
suis-je pas prisonnier de ma propre pensée ? Si je pense qu’en comparaison
de quelqu’un d’autre je ne suis pas quelqu’un de bon, que je persiste à le
croire et que je vis avec un sentiment de culpabilité, est-ce que je ne me nuis
pas à moi-même à partir d’une illusion
que je n’ai jamais mise en doute ? Et même si j’ai l’opinion
contraire, est-ce que je ne vis pas avec une image, créée par la pensée, qui
peut être blessée à tout moment si elle se voit contredite par le moindre
incident ? Pourquoi est-ce que je me situe dans les catégories de bon ou
de mauvais ? Existe-t-il une manière de m’observer qui ne soit pas fondée
sur un système conditionné de mesure et de croyance ?
Quand
je ne me regarde, moi-même et les autres, qu’à travers les épisodes et les
images d’incidents passés ne suis-je pas en train de m’emprisonner à
l’intérieur des murs épais de ces histoires et de ces images ? Si je
procède ainsi je ne vis qu’avec des opinions et des jugements sur moi-même et
les autres, généralement issus de mes expériences passées ou des on-dit, ou
même de la propagande. Tout conditionnement, qu’il soit de nature religieuse,
traditionnelle, raciale, culturelle, économique ou politique, est d’ordinaire
basé sur de la propagande. On dit que si vous répétez un mensonge ou de la
propagande sans les mettre en doute vous allez finir par croire qu’il s’agit de
vérités. Il peut nous arriver de procéder de la même manière avec nous-même
quand nous répétons les mêmes pensées sans les mettre en question.
Un
jugement peut contenir certains éléments factuels basés sur de l’observation,
mais je me refuse à toute possibilité de changement si je m’accroche à ce que
je pense et crois. Puis-je ne pas soutenir mes jugements, mes opinions et mes
pensées avec rigidité, mais avec légèreté et garder de l’espace pour prendre le
temps de souffler et de questionner ?
Suis-je
ouvert à la possibilité de laisser tomber mes jugements et d’aller à la
rencontre de moi-même et des autres d’une façon nouvelle ? Si je suis
attaché de manière rigide à mes jugements comment puis-je penser et observer
librement ? Est-ce que je ne vis pas continuellement en compagnie d’un
passé mort? Quelle liberté, quelle joie peut-il y avoir dans ce mode de
vie ?
La
question qui se pose est donc celle-ci : existe-t-il une autre manière de
me connaître ? Qu’est-ce que la connaissance de soi ? Est-ce une
connaissance intellectuelle de soi-même? S’agit-il de rassembler de plus
en plus d’information et d’idées sur soi ? Ou s’observer d’instant en
instant de manière neuve ? Car ce genre d’observation n’est pas influencé
par aucun bagage psychologique passé, c’est l’accès à l’acte d’apprendre
véritable et à la liberté. Apprendre apporte la liberté et ce n’est que dans la
liberté que je peux apprendre. C’est pourquoi apprendre véritablement c’est
désapprendre le faux conditionnement et les illusions sur soi-même, et c’est le
premier pas vers la vraie liberté et le vrai changement. Naturellement, il
n’est pas de liberté sans responsabilité : liberté et responsabilité vont
de pair. Ma capacité à répondre à une situation ou à un défi constitue ma
responsabilité. Cette capacité s’amoindrit quand je ne suis pas libre de
penser, d’observer et d’agir par moi-même ; quand je n’ai pas de
perception claire, quand je suis guidé par mes illusions et mon égocentrisme.
Je ne peux être véritablement responsable que lorsque je suis réellement libre.
C’est pourquoi il y a une différence entre devoir et responsabilité. On
accomplit un devoir par obligation et contrainte alors que la responsabilité
procède de la liberté, de l’amour et de la compassion.
Je ne
peux être vraiment responsable que lorsque je me connais tel que je suis dans
le moment présent et non tel que j’étais autrefois ou tel que je voudrais être
plus tard. Pour me connaître en ce moment il me faut m’observer et avoir une
pensée claire, sans opinions arrêtées ni
jugement. L’observation est un acte d’amour et de liberté, et les opinions ou
les jugements n’ont guère de place dans l’amour. Dans cette observation je peux
découvrir que ma pensée est conditionnée et comment ce processus de pensée crée
lui-même le sens de l’ego ou du moi. J.Krishnamurti dit que c’est la pensée qui
crée le penseur et que c’est une illusion que de croire que le penseur ou le
« Je » est indépendant et qu’il est le créateur de mes pensées. C’est
une découverte extraordinaire que de voir que ce sont des pensées ou des images
qui créent le penseur, ou ego. Si je perçois cette vérité, je cesse de donner à
l’ego une importance injustifiée. L’ego n’est pas une entité fixe, c’est un
processus, un mouvement de la pensée. La pensée est une réaction à des
souvenirs, autrement dit au passé, emmagasinés dans les cellules cérébrales. Le
moi ou ego apparait lorsque la pensée réagit psychologiquement à la réalité, à
ce qui est. Chaque réaction donne naissance au moi. On pourrait alors poser
cette question intéressante : existe-t-il une entité appelée
« moi » ou n’est-ce qu’un mouvement réactionnel qui prend naissance chaque
fois que la pensée réagit et par là même s’éloigne de la réalité ou du
fait. ? L’ego pourrait-il exister en l’absence de réactions ? Qui
suis-je en l’absence de réactions ?
Le
cerveau a besoin d’un centre pour fonctionner physiquement et la pensée
contribue à créer ce centre indispensable à notre survie physique. Mais quand
la pensée s’efforce de créer un centre psychologique sous la forme de l’ego et
cherche une sécurité dans le non-factuel et l’illusoire elle devient alors
fragmentaire et destructrice. La recherche intérieure, qui est une vigilance
d’instant en instant, permet de discerner où et quand la pensée est utile et
créative et quand elle devient
contreproductive et même préjudiciable à
une survie paisible. La pensée peut-elle s’arrêter et abandonner cette création
mécanique et inutile d’un centre psychologique ?
La
vraie liberté, c’est de ne plus être conduit par les histoires de mon passé et
ne plus regarder par le trou de la lorgnette de mon conditionnement. La liberté
réside dans ma capacité à observer les choses directement sans distorsion ni
interprétation. Observer est un grand art, de même qu’écouter. Notre éducation
ne se préoccupe pratiquement pas d’enseigner à apprendre de tels arts. Sans
approfondir, sans apprendre l’art d’observer et d’écouter nous ne pouvons
apprendre l’art de vivre une vie totale, harmonieuse, basée sur l’amour et la
compassion.
Penchons-nous
sur ces arts. Qu’est-ce qu’apprendre, qu’est-ce qu’observer? Est-ce qu’écouter c’est
entendre physiquement. Est-ce que regarder c’est avoir une vision optique ?
Entendre les sons et les mots, reconnaître les objets extérieurs ou intérieurs
et tirer un sens de ces stimuli ne représente qu’une partie du vaste espace de
l’écoute et de l’observation. Écouter et regarder vont bien plus loin que le
fait d’entendre et de reconnaître.
Écouter
et observer requièrent les qualités d’attention, d’amour, de sensibilité. C’est
recevoir et percevoir avec son être tout entier, avec son cœur, son esprit, la
totalité des sens. Je ne prête attention à une chose que lorsqu’elle
m’intéresse, lorsque je suis animé d’une certaine passion, d’un certain amour
pour cette chose. Si je n’éprouve aucun sentiment, aucun amour pour ce que
j’étudie, il me faudra me contraindre car l’énergie ne circule pas
naturellement en l’absence d’intérêt et d’amour véritables. Notre
expérience nous a appris que dans un
état de communion ou d’amour profonds l’attention se fait sans effort et que
nous disposons naturellement de l’énergie nécessaire pour avancer, explorer et
approfondir.
Également
important est le fait que l’écoute et l’observation véritables se manifestent
quand l’esprit est silencieux. Au moment où nous sommes plongés dans une
écoute, une observation, une attention profondes, l’esprit aussi devient
naturellement silencieux. Un esprit agité est incapable d’attention car il a pris
l’habitude automatique de réagir à son passé. Un esprit qui n’écoute ni
n’observe devient réactif et par conséquent insensible et mécanique. Il y a une différence qualitative entre la réaction
et la réponse. Un esprit bruyant est un esprit qui réagit tandis qu’un esprit
silencieux est un esprit qui répond. Un esprit en paix est capable d’écouter et
d’observer avec une énergie totale et par conséquent de répondre à tout défi, à
tout problème avec une intelligence supérieure de la vie.
Il est
intéressant de noter qu’étymologiquement
le mot « école », en grec, signifie « loisir ». Une
école est un espace ouvert pour apprendre et l’on ne peut apprendre en
profondeur que lorsque l’esprit est dans un état de loisir. Un esprit occupé
par la compétition est agité, anxieux. Il va gaspiller énormément d’énergie
dans la violence de la concurrence. Bien qu’il puisse acquérir de la vivacité
et de l’adresse à mémoriser ou à résoudre rapidement des problèmes techniques
et gagner la course, il perdra sa sensibilité naturelle et la capacité de vivre
dans la joie et l’amour. La compétition, la rivalité détruisent la vraie
créativité et la possibilité d’instaurer un environnement paisible et heureux.
La compétition et l’exploitation sans merci peuvent conduire au succès matériel
et technologique mais elles vont
dessécher nos cœurs et les priver de joie et d’amour véritables.
Il me
semble que la cause de toute souffrance psychologique ou de toute crise réside
essentiellement dans des pensées, des croyances et des illusions fausses, conservées dans notre esprit, qui n’ont
pas été observées et par conséquent jamais mises en doute. Le premier pas vers
la transformation c’est d’être conscient de ces illusions et de ces fausses
idées sur soi. Quand nous prenons conscience d’une illusion elle perd le
pouvoir de dominer notre psychisme et par conséquent notre vie.
La
recherche intérieure est un mouvement d’apprentissage de soi-même par une
écoute, une observation une vigilance profondes et la mise en doute de ce qui
est faux et illusoire. La recherche intérieure nous aide à discerner ce qui est
essentiel et ce qui ne l’est pas. Prendre
l’inessentiel pour l’essentiel, lui donner de l’importance, s’efforcer
de l’obtenir, est la cause première de toute douleur, de toute souffrance , de
toute crise. La recherche intérieure ou l’observation directe nous permettent
de discerner véritablement ce qui est essentiel de ce qui ne l’est pas.
Personne, aucune autorité extérieure ne va décider pour moi de ce qui n’est pas
essentiel dans ma vie en dehors de mon observation honnête et sincère. Poser
une question et ne pas y répondre aussitôt en me servant de mon savoir
intellectuel, mais rester avec elle dans une observation silencieuse,
représente peut-être le seul guide intérieur, le seul instructeur. Je peux
déposer une question dans ma conscience et la laisser agir. Par exemple je peux
me demander : « Suis-je en train de courir après la célébrité et le succès ? Suis-je en quête de buts
imaginaires ? Existent-ils réellement ? En ai-je vraiment besoin, Qui
serais-je si je ne cherchais que ce qui est fondamentalement
nécessaire ? »
Alors,
puis-je être conscient que je cours après des objectifs imaginaires ? Nisargadatta
Maharaj - enseignant de la non-dualité du vingtième siècle et auteur de « I
Am That ‘(Je suis Cela) - a eu un insight profond lorsqu’il a écrit :
« Quand je ne désire pas ce dont je n’ai pas besoin, tous mes besoins sont
satisfaits. » Le noeud de tous mes problèmes, de toutes mes souffrances
c’est que je persiste à désirer des choses dont je n’ai peut-être pas vraiment
besoin et qui n’existent peut-être que dans mon imagination. Le miracle de la
recherche intérieure c’est qu’au moment où nous voyons le faux comme tel et
l’illusion comme telle, ils perdent tout pouvoir de dominer notre existence.
D’ordinaire
l’esprit est occupé, hypnotisé par nos rêveries sur le passé, le présent et le
futur. Puis-je faire une pause et me demander : « Suis-je prisonnier
des fables et des envies illusoires créées par la pensée ? Puis-je cesser
de croire à ces fables que la pensée ne cesse
de me raconter ? Qui suis-je quand elles ne sont pas là et que
j’ai cessé de m’y identifier ? La qualité de mon être et de mon existence
change en profondeur quand je ne crois plus et ne m’identifie plus à aucune
fable, aucune propagande, aucun mythe. Quand je commence à m’éveiller grâce à
la recherche intérieure, il me devient possible de réaliser que le rêve ou le
cauchemar - créations d’illusions qui n’ont pas été observées ni mises en doute
- est terminé. Et l’être est empli d’un émerveillement, d’une joie et d’un
amour immenses pour l’existence toute entière.
Il est
certain que nous traversons une crise mondiale sans précédent dans les époques récentes.
L’incertitude croissante parait être la nouvelle norme à présent et
l’impermanence est un élément évident de notre vie quotidienne. Ce sont des
faits de grande importance pour ce qui est d’apprendre et de nous transformer,
car toute crise, toute souffrance sont de grands maîtres - à condition de
s’ouvrir et d’écouter ce qu’ils enseignent. Je dirais qu’un instructeur mondial
est apparu au 21ème siècle sous la forme d’une crise mondiale. C’est une grande
occasion d’apprendre en profondeur, de nous nettoyer et de guérir
intérieurement pour être à même de vivre notre existence collective sur notre
merveilleuse terre. Toute crise peut être transmuée en incitation à un voyage
intérieur et à une transformation. C’est aussi un moment exceptionnel où notre belle
planète peut respirer et se régénérer. Comme nous faisons partie de la nature
terrestre, la nature trouve toujours le moyen d’effectuer sa propre guérison.
Chaque fois que le vacarme des activités inutiles et spoliatrices de l’homme
marque un temps d’arrêt, la conscience humaine et la terre se trouvent
soulagées et rétablies. C’est un temps
où il est possible de respirer, de se détendre et de se reposer pleinement, de
s’abandonner à « ce qui est » et de permettre à une guérison intime
de s’accomplir. Bien sûr ce peut être aussi un temps où notre agitation et nos
perturbations intérieures, habituellement réprimées, montent à la surface. Mais
même si ce peut être douloureux, il s’agit d’un processus créatif et
transformateur inévitable. On peut éprouver un réel besoin de partage, ou le
besoin d’ouvrir son cœur et son esprit dans une confiance totale et une écoute
inconditionnelle sans crainte d’être jugé. Une écoute et une communion
profondes, émanant d’un amour et d’une confiance véritables, sont un moyen
naturel de guérison et de transformation.